La question du coût de la prise en considération du bien-être animal dans les filières de production ne peut être appréhendée dans une approche exclusivement comptable. Au-delà de l’« inconfort moral », difficilement quantifiable, ce coût doit englober le manque à gagner issu du comportement plus éthique du consom’acteur, qui use de son pouvoir d’achat pour exercer son libre arbitre, conformément à ses convictions, ainsi que l’évolution législative qui, en démocratie, s’aligne (ou finit par s’aligner) avec l’opinion publique. Décryptage…
Le bien-être animal : d’Aristote à l’article L214
Si la question du bien-être animal n’a véritablement pris sa forme contemporaine qu’au milieu des années 1960 à la faveur de la pensée anthropomorphiste, elle a été largement abordée dès l’Antiquité par Aristote et Plutarque qui ont très tôt interrogé notre perception des animaux, notamment sur le volet de la sensibilité et de l’intelligence. Parce qu’elle s’inscrit dans l’intersection de plusieurs disciplines comme la philosophie, la zootechnie, l’anthropologie, la biologie et la médecine vétérinaire, la notion de bien-être animal a souvent été sujette aux approches biaisées, réductrices, simplistes ou approximatives. Ce n’est qu’au début des années 1990 que les tentatives de normalisation ont émergé. Ainsi, l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), s’inspirant très largement du Farm Animal Welfare Council (FAWC) britannique, propose une définition concise du périmètre du bien-être animal en cinq points :
- Absence de faim, de soif et de malnutrition ;
- Absence de peur et de détresse ;
- Absence de stress physique ou thermique ;
- Absence de douleur ou de maladie ;
- Possibilité d’exprimer les comportements normaux de l’espèce.
Plusieurs indicateurs permettent de mesurer ces critères, comme le score d’état corporel, la disponibilité de l’eau fraîche, le temps nécessaire pour se coucher, l’accès à une aire d’exercice extérieure, le taux de boiteries, la fréquence des comportements agonistiques, la distance de fuite à l’approche de l’Homme, etc.
Dans l’Hexagone, la notion de BEA n’est pas expressément mentionnée, mais notre législation part du principe que l’animal est un « être vivant doué de sensibilité » (article L214 ajouté en 2015 à la loi de 1976 du Code rural). On notera tout de même une certaine dichotomie entre les pays du Sud de l’UE (dont la France) et les pays scandinaves, ces derniers reconnaissant à l’animal non seulement une aptitude à la sensibilité, mais aussi une capacité à évaluer les actions des autres en relation à soi, à mémoriser les conséquences de ces actions, à évaluer les risques, à éprouver des émotions positives ou négatives et à avoir un certain degré de conscience. Nous sommes donc loin de la vision biblique de l’animal, renforcée par les philosophes du XVIIe comme Descartes qui a avancé la thèse de l’animal-machine, résumant la bête à un moyen de production perfectionné.
Les facteurs qui expliquent l’installation durable du BEA dans le débat public
L’installation durable de la question du bien-être animal dans la société peut être expliquée par une conjonction de facteurs favorables qui découlent vraisemblablement tous du développement des technologies d’information :
- La médiatisation importante des crises de la filière de production et des scandales (ESB, fièvre aphteuse, peste porcine…) ;
- La diffusion « virale » d’images chocs montrant régulièrement des conditions d’élevage insoutenables ;
- Une certaine médiatisation de l’antispécisme, avec des « représentants » bien connus du public comme le journaliste et écrivain Aymeric Caron ;
- La prise de conscience de l’importance de la protection de l’environnement, une thématique à laquelle est souvent rattachée la notion du bien-être animal ;
- L’adoption de textes de loi et de nouvelles réglementations issues des directives européennes ;
- L’émergence du persona du consom’acteur, qui utilise son pouvoir d’achat pour consommer en fonction de ses convictions. Et le bien-être animal en fait largement partie, puisque trois quarts des Français attendent des mesures supplémentaires en faveur du bien-être des animaux d’élevage.
Le niveau d’intérêt de l’opinion publique pour le bien-être animal se nourrit également du net recul du caractère individualisé de la relation entre l’éleveur et ses animaux, rendant plus difficile la détection de problèmes éventuels.
Le coût du bien-être animal n’est pas une donnée comptable
Le coût du bien-être animal ne doit pas faire l’objet d’une analyse exclusivement comptable… Autrement, le débat serait clos avant même d’être ouvert, car la transition vers des modes d’élevage plus respectueux du BEA coûtera in fine plus cher que le statu quo, du moins d’un point de vue comptable. Lorsque l’on aborde la question du coût sous le prisme de la loi de l’offre et de la demande, la donne change drastiquement. L’intensité concurrentielle du secteur agroalimentaire et CHD fait que le consommateur et le convive peuvent parfaitement se détourner des marques et établissements récalcitrants, causant un manque à gagner colossal. Quand bien même ces marques et établissements trouveraient des débouchés, ils seraient vite rattrapés par l’évolution législative qui tend à s’aligner avec l’opinion publique, à terme.
Comme l’explique Anne Richard, DG de l’Interprofession Volaille de Chair (Anvol), le coût de production se multiplierait par deux pour des poulets élevés en plein air (Agriculture Biologique ou Label Rouge). Cette donnée est à mettre en perspective avec le fait que « plus de 40 % du poulet consommé en France est importé car moins cher », explique-t-elle. Il faut encore nuancer ce constat par l’absence de garantie que les productions respectent vraiment des standards élevés en matière de BEA. En effet, et en l’absence d’étiquetage harmonisé sur tous les produits d’élevage animal, le consommateur et le convive, par le biais du restaurateur, ne sont que partiellement informés au moment de la prise de décision. En revanche, et en dézoomant, le coût global du non-respect du BEA est à aller chercher du côté de l’impact sur l’environnement et sur notre santé. La réponse à la problématique est sans doute plurielle, puisqu’elle implique des leviers réglementaires, une volonté politique, une harmonisation de l’étiquetage et la soumission des produits importés aux standards européens en matière de BEA.
Gastronome Professionnels : des solutions volailles issues de filières respectueuses du BEA
Gastronome Professionnels, émanation de l’esprit coopératif de Terrena, premier groupe volailler coopératif français, a inscrit le respect du BEA dans son ADN. Les poulets de la gamme Gastronome Professionnels caution La Nouvelle Agriculture® sont élevés sans traitement antibiotique et bénéficient d’une densité d’élevage réduite. Galliance, dont Gastronome Professionnels est le fournisseur de volaille destinée aux professionnels de la restauration et de l’agroalimentaire, a rejoint l’Association Etiquette Bien-Être Animal (AEBEA) qui vient apporter au consommateur une information claire et fiable sur le niveau de BEA associé aux produits commercialisés et permettre ainsi aux éleveurs de mieux valoriser leurs efforts en ce sens.
Galliance s’est également engagée sur la voie de l’European Chicken Commitment (ECC), référentiel exigeant porté par une trentaine d’ONG BEA visant à améliorer les conditions d’élevage des animaux et mettre en place de meilleures pratiques d’abattage au plus tard d’ici 2026. Découvrez ici les quatre piliers de notre engagement coopératif.